Ah non monsieur, c’est ce qu’on appelle de la corruption 


Réveil matin, 6h30 ! Ça pique et on sait que la journée s’annonce laborieuse! Après avoir épluché 2000 blogs sur le sujet « passage frontière Cambodge - Laos », nous avions convenu de ne pas prendre un trajet complet Kratie (Cambodge) - Les 4000 îles (Laos) afin de ne pas se faire avoir par les douaniers lors du passage de la frontière. 

Nous avions donc réservé un bus uniquement jusqu’à Stung Streng et nous décidons d’aller de cette ville à la frontière, en stop. Enfin ça, c’était au début. 

Nous voilà donc à bord du minivan direction notre premier arrêt, il est parti à l’heure, n’était pas trop rempli, tout s’annonçait bien pour cette première partie de la journée! 

Après 3h de trajet nous arrivons dans notre ville en question, le chauffeur nous débarque (nous et une allemande, sosie de Lucette), dans un café/resto qui se charge de faire le relai pour le prochain bus.

Bien décidés à se rendre par nos propres moyens jusqu’à la frontière, nous regardons sur quelle route se placer pour le stop. Cette fameuse route se trouve à … 4 km à pied, il fait déjà bien 35 degrés, on est chargés comme des boeufs… le découragement arrive vite! On se renseigne sur le prix du billet de bus pour aller jusqu’à la border. Le prix annoncé est trop cher, nous essayons de négocier, nous faisons semblant de partir, et finalement la vendeuse lâche un peu de lest. On s’entend sur un prix, on booke ce billet (dans le bus de l’allemande/Lucette). Le départ est prévu dans les 15minutes. Un grand bus (type bus scolaire) nous attend. Nous ne sommes que 3 à monter à bord : l’allemande et nous deux. Avant d’être rejoints par une laotienne, son enfant, ses poules, ses 22 000 sacs et j’en passe ! Après 1h de trajet environ, nous approchons de la frontière. Le bus nous dépose dans un café juste au pied de la frontière. On nous dit d’attendre, on ne sait pas quoi mais on doit attendre. On attend 5minutes, 10 minutes, on nous donne 2 papiers à remplir pour passer la frontière. On fait les bons élèves, on les remplit, on achète un paquet de chips en prévision de l’éventuelle longue attente aux postes de douaniers et on décide de partir par nos propres moyens pour traverser cette foutue frontière. L’allemande continue à attendre, nous partons donc tous les 2. 

Après 5 minutes de marche, nous arrivons au poste de douanier cambodgien, et le sketch commence. On nous demande nos passeports, on nous prend en photo, on enregistre nos empruntes digitales. Et en prime on nous demande 2$. Pourquoi? Pour avoir le tampon de sortie pardi ! Bien préparés à lutter contre cette forme de corruption, on pose le tableau directement auprès des douaniers : « We don’t have to pay 2$ more, we Know that it’s free to get the stamp. We are not in a hurry, we’ll wait to get it for free ». Même chansonnette lorsqu’il s’agit de mon passeport, on sort alors le même discours. Au bout d’à peine 5 minutes, nos passeport apparaissent comme par magie, avec le tampon et le code nécessaire : bye bye le Cambodge, à nous le Laos. 

A la sortie du poste des douaniers nous rencontrons un groupe d’une dizaine de français, en provenance du Laos et bloqués à la frontière. Evidemment, aussi préparés à lutter contre cette corruption que nous, il refusent de donner 1 centime de plus que le prix du visa. Sauf qu’ils sont en groupe, et que les groupes ça passe mal auprès des douaniers. On en profite pour échanger avec eux des dollars contre leurs derniers kips (ça nous sera utile pour payer le tuk-tuk ou autre moyen de transport de l’autre côté de la frontière, car oui, on ne sait pas comment on va quitter le border laotien en direction des 4000 îles, mais ça, on s’en préoccupera plus tard!). On laisse le groupe de français et on traverse la zone internationale, où il n’y a rien à part du bitume qui brûle tellement la chaleur est intense. On s’attend à voir des infirmières en blouse blanche armées de leur thermomètre, qui vont nous sauter dessus (moyennant 2$ évidemment!) pour s’assurer qu’on est en bonne santé avant de rentrer au Laos. Mais rien, pas l’ombre d’une blouse, on traverse tranquillement. On était parés à cette apparition d’infirmières évidemment! On avait prévu de jouer la comédie d’une grosse enguelade entre nous, de parler haut et fort en français pour ne pas qu’elles nous interrompent. Mais ce plan d’action ne sera pas mis en oeuvre! 3L de sueur et 5 minutes de marche plus tard, nous arrivons au poste des douaniers laotiens. Rebelote, on nous demande nos passeports, nos empreintes. Et cette fois 30$ (pour le visa, c’est normal!) et une photo d’identité. On leur fournit tous ces papiers, le sourire vissé aux lèvres. On nous remercie et on nous invite à passer au poste n2. Sabaidee le douanier ! Ah tiens, il a l’air moins commode celui-là. Ah! Il nous demande 2$. Pour quoi faire? Pour le tampon d’entrée pardi! C’est vrai que tamponner un passeport, ça vaut au moins 2$. Rebelote, notre discours très rodé est de nouveau étalé aux yeux et aux oreilles de ces chers corrompus. Nouveauté en prime, Aymeric leur indique qu’on a appelé l’ambassade du Laos en France (mythoooo) et qu’on nous a confirmé qu’aux douanes, la somme à payer est uniquement de 30$ pour le visa. Pas de frais supplémentaires pour les tampons ou que sais-je. On leur précise qu’on a tout notre temps, on va d’ailleurs installer nos sacs et nos bouteilles d’eau en face de leur bureau, histoire qu’ils comprennent qu’il n’y avait pas le feu au lac. Notre cher corrompu nous précise que c’est indiqué sur un papier affiché plus loin qu’il est obligatoire de payer ces 2$ par personne si l’on souhaite entrer dans le pays. On continue de nier en bloc, on leur précise à nouveau qu’on a le temps nécessaire. On commence à pousser la chansonnette histoire de les faire perdre patience. 10 minutes plus tard, nos passeports ré-apparaissent comme par magie! Avec le tampon d’entrée ! Ah, merci les gars, on savait bien que c’était gratis ! 

Armés de nos passeports fraichement tamponnés, de nos dollars (toujours en poche), on quitte donc ces chers corrompus, en quête d’un moyen de transport pour rejoindre le village d’où partent les bateaux pour les 4000 îles. 

On se met sur le bord de la route, espérant bien trouver une voiture pour nous déposer. Après 45 minutes à attendre, on commence à se résoudre au fait qu’il n’y avait PERSONNE qui traverse cette frontière. En tous cas, pas en début d’après-midi. 

Comme par magie, un minibus apparait sur la route, on l’arrête, on négocie le tarif et on embarque. On y retrouve l’allemande laissée à la frontière cambodgienne. Elle a passé la frontière et a du payé 4$ de plus, pour les tampons et la photo. On était encore plus fiers d’avoir réussi à lutter contre cette corruption ! 

Après 15 minutes de route, nous arrivons au village. On passe rapidement à la banque pour changer des euros contre des kips. On se retrouve avec des millions de kips dans les mains et dans les poches, ça nous fait tout drôle. Etant donné le bon taux bancaire, on a directement changé une grosse somme histoire d’être tranquilles pour les prochaines semaines.

On embarque ensuite sur un petit bateau, pour traverser le Mékong, et débarquer sur Don Det, un petit paradis bordé par le fleuve!